mardi 15 mars 2016

Pr. Foued CHEHAT (Directeur de l'INRAA): Blé: développer la recherche pour augmenter la production



L'Algérie pourrait assurer sa sécurité alimentaire en blés dur et tendre à condition d'augmenter le budget de la recherche liée à la sélection des semences et de renforcer, également, les dispositifs d'irrigation, affirme à l'APS le directeur de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (Inraa), M. Fouad Chehat.

"Si nous obtenons le budget adéquat, nous serions en mesure de développer une variété de blé dur très performante dans les trois années à venir. Il faut aussi deux autres années pour produire la nouvelle variété à grande échelle, et au bout de cette période globale de cinq ans, l'Algérie pourrait même passer à l'exportation", souligne-t-il.

Concernant le blé tendre, il estime qu'il faudrait dix (10) ans pour trouver la variété la plus résistante et la plus adaptée à l'Algérie.  Un délai auquel il faudra ajouter cinq (5) ans pour généraliser la production du blé tendre issu de la recherche.


"La recherche sur le blé tendre nécessite plus de temps car cette variété n'existait pas en Algérie avant la période coloniale. Elle est moins résistante que le blé dur et a besoin de beaucoup d'eau. Il nous faudra donc développer une variété plus résistante et adaptée au climat algérien", explique cet expert.
En outre, il observe que le changement des habitudes alimentaires chez les Algériens privilégie de plus en plus le blé tendre.

"Les Algériens consomment de plus en plus de produits dérivés de blé tendre telle que la farine qui était inconnue chez nos aïeuls. C'est précisément la raison pour laquelle des travaux de recherche doivent être menés sur le blé tendre. Cette tendance nous permet, parallèlement, de penser, à terme, à exporter le blé dur qui est moins consommé qu'avant", soutient-il.
L'Algérie produit 600.000 tonnes de blé tendre alors que ses besoins sont de l'ordre de 3,5 millions de tonnes.

En misant sur la recherche, l'Algérie pourra assurer sa sécurité alimentaire, avance-t-il.
Pour le blé dur, l'écart entre les besoins et la production locale est plus important mais pourrait être rapidement réduit: "Nous produisons autour d'un (1) million de tonnes de blé dur/an au moment où nos besoins sont de 15 à 16 millions de tonnes. Mais il est très facile de développer la production en dotant les producteurs privés en moyens".
Questionné sur les travaux de recherche sur le blé menés actuellement par l'institut qu'il dirige , M. Chehat estime que les choses pourraient aller beaucoup plus vite si les moyens nécessaires étaient mis suffisamment à la disposition des chercheurs non seulement de l'Inraa mais aussi de ceux de l'Institut technique des grandes cultures (Itgc), et ce, notamment dans le domaine de la recherche appliquée.
En effet, ces deux instituts sont en première ligne pour tout ce qui touche à la recherche liée au blé en Algérie.
De surcroît, il est également impératif de développer les dispositifs d'irrigation: "Permettre aux agriculteurs d'avoir un accès à l'eau tout au long de l'année est également une priorité absolue".
 
=Les espaces de stockage des semences, un autre problème à régler=
 
Pour avoir des récoltes de meilleure qualité, la question du stockage de semences de blé se pose également.

Certes, le pays dispose de grands silos de stockage permettant d'emmagasiner de grandes quantités de semences avant de procéder à leur distribution aux agriculteurs.
Cependant, il est enregistré une quasi-absence de petits silos destinés chacun à une variété précise: Résultat: Toutes les semences sont mélangées.
Cette situation fait que l'agriculteur ne peut identifier avec précision la variété qui convient le mieux à son terrain et à sa région.

"Mettre en place de petits espaces de stockage dédiés, chacun, à une semence en particulier serait très bénéfique, car les agriculteurs pourront faire des choix plus judicieux. Ce qui se répercutera, bien évidemment, sur la qualité de leur production", préconise-t-il.
Il considère aussi que la mise en place de ces espaces de stockages ne doit pas incomber uniquement aux pouvoirs publics mais également aux agriculteurs eux-mêmes qui doivent investir dans ce créneau à l'instar d'un grand nombre de pays.

Par Ahmed GASMIA


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